L’actualité du commerce de détail est en ébullition
depuis quelques mois, avec l’arrivée de Target au Canada et des Supercenters de
Wal-Mart à Montréal. On a entendu des choses intéressantes dans l’actualité,
mais aussi quelques âneries. Voici mes observations à ce sujet :
- Comme on pouvait s’y attendre, on annonce l’arrivée prochaine au Québec à
l’été 2011 de trois hypermarchés de Wal-Mart à Laval et à Mascouche (les
Wal-Mart supercenters, soit l’équivalent
d’un gros Wal-Mart traditionnel et d’un gros supermarché à escomptes sous
le même toit).
On est en train d’ajouter 30 000 à 40 000 pieds carrés d’alimentation
à des magasins Wal-Mart « traditionnels. »
Il s’agit donc en
finale d’une très grande surface de l’ordre de 140 000 à 150 000
pieds carrés, selon les trois premiers magasins annoncés.
Aux États-Unis,
Wal-Mart a des supercenters beaucoup plus grands (200 000 pieds carrés et
plus) mais cela « ne ferait pas partie des plans » au Québec pour le
moment.
Il y a déjà environ 125 supercenters dans le reste du Canada (sur un total de 325 magasins), qui vont bien. Et ils ont fait ça très rapidement : le premier au Canada a ouvert en 2007 seulement (Ontario).
Il y a déjà environ 125 supercenters dans le reste du Canada (sur un total de 325 magasins), qui vont bien. Et ils ont fait ça très rapidement : le premier au Canada a ouvert en 2007 seulement (Ontario).
Wal-Mart connaît donc bien
le marché canadien et dit avoir fait « ses devoirs » pour bien servir
les spécificités du marché québécois (ils auraient visité de nombreux magasins
au Québec dans leur phase de planification).
Wal-Mart prévoit donc mettre plus l’accent sur les produits frais au Québec : 50 pieds linéaires de plus en frigo (fromage, mets préparés, charcuterie), ainsi qu’une boulangerie plus grande, selon Les Affaires. Mais bon, entre vous et moi, on verra pour l’offre adaptée au marché québécois, si vous vous souvenez, Loblaws avait dit la même chose en arrivant au Québec et on n’avait pas été renversé …
Wal-Mart prévoit donc mettre plus l’accent sur les produits frais au Québec : 50 pieds linéaires de plus en frigo (fromage, mets préparés, charcuterie), ainsi qu’une boulangerie plus grande, selon Les Affaires. Mais bon, entre vous et moi, on verra pour l’offre adaptée au marché québécois, si vous vous souvenez, Loblaws avait dit la même chose en arrivant au Québec et on n’avait pas été renversé …
À noter, les premiers
supercenters sont situés à proximité immédiate de trois magasins IGA Extra (et
d’un Super-C), ce sera donc intéressant de suivre l’impact sur ces magasins.
Mais la clientèle de
Wal-Mart est celle attirée par le discount,
alors il apparaît en effet évident que l’impact se fera sentir surtout sur Maxi
et Super-C. Car il faut tenir compte que Wal-Mart aura sûrement des loss leader annoncés à prix très très
bas, pour attirer cette clientèle.
Les détaillants
traditionnels (IGA, Métro, Provigo franchisés) qui font un bon travail perdront
beaucoup moins, si perte même il y aura. L’expérience américaine montre que la
baisse de ventes des supermarchés traditionnels au lancement d’un supercenter
est résorbée en un ou deux mois (sauf dans les petites communautés, toutefois,
où l’impact est plus direct et permanent).
Il ne faut pas oublier
que les zones commerciales des magasins Wal-Mart sont nettement plus grandes
que celles des supermarchés. Ainsi, Wal-Mart va prendre du marché à un grand
nombre de magasins, au lieu d’en viser un seul mortellement comme dans les
batailles de supermarchés !
Mais il faut prévoir
qu’une grande majorité des magasins Wal-Mart auront à moyen terme un espace
alimentaire (à moins que le test des trois premiers magasins ne soit
catastrophique, mais j’en doute).
Ainsi, si vous avez près de chez vous un magasin Wal-Mart en freestanding, i.e. qui n’est pas dans un centre commercial parce qu’étant un ancien Woolco, il y a fort à parier qu’un espace pour cette expansion a déjà été prévu depuis l’implantation de ce magasin. Il s’agit d’environ 30 magasins au Québec (sur un total d’environ 55), plus évidemment ceux qui seront construits plus tard.
Ainsi, si vous avez près de chez vous un magasin Wal-Mart en freestanding, i.e. qui n’est pas dans un centre commercial parce qu’étant un ancien Woolco, il y a fort à parier qu’un espace pour cette expansion a déjà été prévu depuis l’implantation de ce magasin. Il s’agit d’environ 30 magasins au Québec (sur un total d’environ 55), plus évidemment ceux qui seront construits plus tard.
Comme ils sont dans des
centres commerciaux, il sera plus difficile de voir les anciens Woolco
convertis en Wal-Mart supercenters. Beaucoup resteront en opération ainsi, sans
supermarchés, mais il faut aussi envisager que Wal-Mart quitte certains centres
commerciaux pour implanter un supercenter dans cette région.
Surveillez la fin des
baux !
- Maintenant, une primeur sur les supercenters : quelques
observations sur l’autre partie
du magasin supercenter, dont personne n’a à ma connaissance parlé jusqu’à
maintenant : la partie marchandise générale, soit ce que vend le
Wal-Mart traditionnel tel qu’on le connaît actuellement.
Si vous sentez déjà
l’impact d’un magasin Wal-Mart dans vos catégories de produits non
alimentaires, prévoyez que ce sera pire : l’expérience américaine montre
que la transformation d’un magasin Wal-Mart traditionnel en magasin supercenter
augmente aussi les ventes de la partie « marchandise générale » de 20
% à 25 % !
Pourquoi ? Les
achats concentrés au même endroit. Le nombre de visites par année est d’environ
une fois par deux semaines chez un Wal-Mart traditionnel, mais augmente à une
visite par 10 jours à un supercenters, ce qui fait un impact important sur les
ventes de marchandise générale.
Ainsi, dans toute cette
opération, si Wal-Mart était au point mort avec leurs ventes alimentaires, ils
augmenteraient quand même de façon sensible les profits des magasins…
- Une autre nouvelle moins plaisante pour les détaillants canadiens est
l’arrivée de Target au Canada, une autre entreprise très performante à la
Wal-Mart. Les magasins Target sont de type Wal-Mart, donc des magasins de
marchandise générale, mais le positionnement est un peu plus haut de
gamme. Personnellement, je ne suis pas un client de Wal-Mart, mais je le
serais chez Target.
La cible de Target sera donc Wal-Mart, Canadian Tire et Sears, principalement.
Donc Target arrive au
Canada en reprenant certains magasins Zellers. Je me demande un peu pourquoi,
car les espaces de Zellers sont souvent nettement plus petits que ce que Target
exploite normalement aux États-Unis?
Mais bon, de toute
façon, cette arrivée aura un impact important sur le paysage du commerce de
détail, car les points de vente de Zellers (plutôt moribonds) deviendront
nettement plus performants, et serviront de porte d’entrée à Target pour une
forte croissance. Reprenons l’exemple de Wal-Mart au Canada : les ventes
de Woolco (un autre chaîne anémique, mais en meilleur état que Zellers) en 1994
n’étaient que de 1,5 milliard de dollars, puis Wal-Mart avec sa formule
performante et ses nouveaux magasins a poussé les ventes à 7 milliards $ en
2000 et elle a atteint 17 milliards $ cette année !
On doit aussi
s’attendre à une croissance spectaculaire de Target au Canada, et des magasins
hors centre commerciaux (freestanding).
Et il faut aussi noter
que Target a aussi des supercenters. Devant la concurrence canadienne de
Wal-Mart, Target fera de même, c’est sûr. Ça, c’est plus une mauvaise nouvelle
à long terme pour les épiciers traditionnels (et pas seulement les discompteurs).
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