lundi 12 décembre 2016

Article décembre 2016 sur la quincaillerie


Les ventes des quincailliers en hausse de 10 %
Martine Turenne | Agence QMI 
| Publié le 12 décembre 2016 à 04:00 - Mis à jour le 12 décembre 2016 à 04:00



Six mois après l’acquisition de RONA par Lowe’s, les quincailliers québécois n’ont pas senti l’onde de choc appréhendée ou du moins pas encore. Il faut dire que l’année 2016 a été excellente dans leur secteur, avec des hausses des ventes de 10 %.
«C’est du jamais vu en 10 ans! L'industrie avait bien besoin de cette croissance», dit Joël Paquin, président de Paquin Recherche et associés. Le secteur avait connu un creux de -5,5 % en 2013, avant de remonter à 6,7 % en 2015, et à 10,1 % entre le premier et le troisième trimestre de 2016.
Selon lui, l’achat de RONA par Lowe’s a évité une bataille féroce au Québec. «Lowe’s voulait s’établir au Québec de toute manière, et il aurait ouvert d’autres magasins que ceux existants, et tout le monde aurait souffert. Là, il prend une place qui était déjà occupée.»
Pas de grands changements

«L’arrivée de Lowe’s n’a pas provoqué de changement. On avait notre propre plan de match, et on l’a suivi», dit Pascal Houle chef de la direction de Groupe BMR. En 2015, Groupe BMR a été acheté par la Coop fédérée, en même temps qu’Unimat. À eux deux, ils comptent aujourd’hui 350 magasins, ce qui en fait la plus grande chaîne au Québec.
«On a eu à faire une grande intégration en 2015, poursuit Pascal Houle. On continue notre plan de croissance, on a consolidé notre réseau de fournisseurs et de marchands, on a amélioré notre logistique et le transport, car on doublait notre réseau.»
BMR est très présent en région, mais le groupe veut désormais se déployer en zone urbaine, à Montréal et à Québec. Il est ouvert à des acquisitions, ou à des ouvertures de magasins. L’expansion en Ontario, où BMR a six magasins, se poursuivra.
«Nous n’avons pas senti un gros changement, même si on reste sur nos gardes», dit de son côté Jean Laberge, président de Canac, qui possède 24 magasins au Québec.
Il n’y a pas eu de guerre de prix entre Lowe’s et Home Depôt, dit-il, «auquel cas, on aurait tous été pris dans la tempête. »
Jouer la carte québécoise?

RONA appartenant désormais à des Américains, les concurrents québécois seront-ils tentés de jouer la carte québécoise?
Le chef de la direction de Groupe BMR, dont l’entreprise est détenue à 100 % par la coopérative fédérée, entend bien miser sur cet élément.
«Oui, on va signifier qu’on est 100 % québécois. C’est une fierté pour nous. On veut s’associer avec des fournisseurs d’ici», dit Pascal Houle.
Canac ne jouera pas cette carte, assure Jean Laberge. «On ne l’a jamais fait, et on ne commencera pas. On fait nos affaires aux meilleures de nos connaissances.»
Tout le monde doit faire mieux

L’arrivée de Lowe’s force tout de même les autres bannières à bouger, estime Joël Paquin, de Paquin Recherche et Associés, une firme qui s’intéresse au commerce de détail du Québec. «Les magasins RONA vont forcément s’améliorer, ils s’inspireront de l’expérience gagnante de Lowe’s, notamment auprès des femmes. Et Lowe’s voudra améliorer le rendement de son investissement et le rendre le plus profitable possible. Ça va mettre une pression sur les autres bannières. Ce marché est de toute manière en constante évolution. »
De la musique aux oreilles des marchands affiliés

Les quelque 150 marchands affiliés RONA au Québec, dont les magasins oscillent entre 5000 et 15 000 pieds carrés, semblent ravis de leur nouveau propriétaire, selon ce qu’entend Richard Darveau, chef de la direction de l'Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT). «Ce qu’ils me disent, c’est qu’ils ont une très bonne relation avec les gens de Lowe’s. Ils ont des rencontres régulières avec la direction, ils se sentent écoutés. Cela dit, ils exigent des changements, ce qui n’est pas encore le cas.»
Au cours des dernières années, les marchands RONA affiliés se sont sentis un peu délaissés, poursuit-il, la direction ayant surtout la vente de l’entreprise en tête. «Les marchands ont été en mode attente. En contrepartie, ils voyaient de l’action chez BMR, chez Home Hardware, qui a su s’implanter au Québec, chez Canac. Ils sont contents de la relation avec le nouveau propriétaire, car ils s’attendaient au pire, mais ils souhaitent un vrai plan d’action pour 2017 ou 2018. Et ce n’est pas encore arrivé.»
Pas de mouvements anti fournisseurs

Richard Darveau estime que les rumeurs d’insatisfactions des fournisseurs de RONA, qui ont suivi la vente de l’entreprise à Lowe’s, n’étaient pas fondées. «Il n’y a pas de mouvement anti fournisseurs québécois chez Lowe’s, dit-il. Les habitudes d’approvisionnement du siège social de Boucherville n’ont pas changé. Quand le produit tient la route, le fournisseur québécois est favorisé.»
Pourquoi en serait-il autrement?, demande-t-il. «Le marché de la maison en est un hautement émotif et les fournisseurs offrent des produits qui conviennent à la clientèle. Ça les protège par défaut. »
Quant à savoir si le nom de Lowe’s remplacera celui de RONA, cela ne semble pas demain la veille. «Dans le doute, les propriétaires vont préférer le statu quo», dit Richard Darveau.
«Je ne pense pas que ça serait une bonne idée qu’ils deviennent des Lowe’s», poursuit Joël Paquin.
Auquel cas, cela réjouirait Jean Laberge, de Canac. «Ça serait une très bonne nouvelle pour nous, mais une erreur pour RONA.»

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